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Le candidat - Son programme pour la sécurité

 

Le candidat 

Mère de deux enfants, Hélène (26 ans) et Benjamin (17 ans), Corinne LEPAGE est mariée avec Christian Huglo, Docteur en droit, Chargé d'enseignement à l'Université de Paris II Panthéon, auteur de nombreux articles et ouvrages concernant l'environnement (dont le code de l'environnement annoté) avec lequel elle partage la même conviction.

La cause de l'environnement, Corinne Lepage l'a toujours soutenue. Elle s'est fait connaître au cours du procès de l'Amoco Cadiz. L'avocate a pris la défense des victimes de ce naufrage, contre un puissant groupe pétrolier américain. Elle défend aujourd'hui les victimes de l'Érika.

Née en 1951, à Boulogne-Billancourt, Corinne Lepage a effectué un brillant parcours de juriste. Elle est titulaire de deux DEA en droit public et sciences politiques et du diplôme de Sciences Po. Un cursus couronné par un doctorat d'État en droit, avec mention trés bien et les félicitations du jury. La jeune femme devient avocate en 1971. Sept ans plus tard , elle fonde avec son mari le premier cabinet d'avocat français spécialisé dans l'environnement.

Corinne Lepage défend alors de nombreux dossiers ayant trait à l'écologie. Le procès de la marée noire provoqué par le naufrage de l'Amoco Cadiz la rend célèbre. Elle soutient aussi la cause des riverains de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, victimes des bruits d'avions.

En 1995, l'avocate est nommée ministre de l'environnement, dans le gouvernement d'Alain Juppé. Elle sera l'artisan de la loi sur l'air, qui vise à supprimer les pollutions atmosphériques. La dissolution de l'Assemblée nationale en 1997 met fin à son mandat. Corinne Lepage retourne alors à son métier d'avocat.

Mais elle continue de s'investir dans la politique. L'avocate a été pendant douze année maire-adjoint à la mairie de Cabourg. Pendant son ministère, elle a fondé Citoyenneté Action Participation pour le XXIe siècle (Cap 21). Ce groupe de réflexion s'est mué en juin 2000 en mouvement politique. C'est lui qui porte aujourd'hui Corinne Lepage à l'élection présidentielle. Une élection où cette femme compte affirmer la primauté de l'humain et de la vie sur toute autre valeur.

Son programme pour la sécurité

RESUME :

Combattre en priorité l'économie grise et les fraudes. Il s'agit de multiplier par deux les moyens humains et matériels de la justice. Il faut aussi mettre en place de nouvelles structures à la disposition des magistrats, liant police et renseignements.

LE PROGRAMME POUR LA SECURITE :

Les victimes / La Justice / La Police

 

Reconnaître le statut et les droits de la victime :

Ce n'est pas un hasard si l'actualité rejoint aujourd'hui cette réflexion. Les acteurs de la violence sont au centre du système judiciaire. De la présomption d'innocence, à la mise en place de nombreux dispositifs de liberté, l'individu hors-la-loi est de tous nos débats, y compris lorsque l'on aborde l'insécurité. Et là encore on évince la victime. Ainsi, le débat sur la sécurité est vidé de son sens. Il finit par porter sur celui qui agit, oubliant peu à peu celui qui subit. Ce glissement nous a éloignés d'un élément primordial de l'acte de justice, celui de la prise de conscience Il ne s'agit pas dans cette réflexion de remettre en place des systèmes de légitime défense, mais de s'interroger sur la place de la victime.

Sans revenir sur tous les écrits évoquant l'importance de la culpabilisation d'une société, toutes les affaires qui ont su reconnaître une injustice, ont eu comme conséquence une prise de conscience. Et pour ne citer que celles très bien connues : Amoco Cadix, la pollution du Rhin, l'Erika, mais aussi l'Airbus au Mont Sainte-Odile, l'usine de Toulouse, le Concorde, les Tours de New York, ainsi que toutes les formes de violences. Le seul fait de faire rendre justice nous a obligés ou nous obligera à revenir sur le passé. C'est à chaque fois la victime qui nous a poussée à nous remémorer ce passé douloureux. Cette prise de conscience est au centre de notre architecture sociale. Et si aujourd'hui on entend, ça et là, des hommes politiques prôner la tolérance zéro, c'est encore du côté des acteurs de la violence qu'ils se placent, ne répondant ainsi qu'au réflexe de l'immédiateté. Il est préférable, sans pour cela faire preuve de laxisme, employer le concept " d'inacceptable acceptance " pour une société, et supplanter le terme sécurité, vidé de son sens et notamment pour les victimes, par sûreté, replaçant ainsi les citoyens au centre des préoccupations.

L'intégrité de la personne doit être mise sur le même niveau que les libertés publiques fondamentales. Le droit de vivre, c'est-à-dire de boire, manger, respirer sans être menacé dans sa santé, ou d'aller et venir sans craindre pour ses biens ou sa personne est premier.

Le statut de victime sera, en tant que tel, reconnu. Le droit de voir instruire toute plainte déposée à la suite d'une infraction, devra être reconnu et le dépôt de plainte être encouragé au lieu d'être découragé. La constitution d'associations de victimes - chargées à la fois de prodiguer, à l'instar de " SOS Attentats ", l'aide psychologique utile et l'assistance juridique nécessaire pour que les plaintes soient instruites - sera favorisée, et les pressions éventuelles sur les victimes, poursuivies et dissuadées. À cette fin, la constitution de partie civile des associations, aux côtés des victimes sera systématiquement rendue possible.

La justice

La question de la justice, comme celle de la police est au cœur du débat politique :

- d'une part, parce que les rapports entre justice et politique ne sont toujours pas réglés,

- d'autre part, parce que la justice est considérée à la fois comme trop laxiste et insuffisamment respectueuse des droits des personnes poursuivies d'où la mise en exergue du principe de la présomption d'innocence.

Quant à la justice au quotidien, elle est lente, alors que les règles de la procédure civile sont dissuasives et que les décisions restent souvent inappliquées. fond, d'autant plus que nous devons nous adapter aux règles du procès équitable telles qu'elles Etablir l'état de justice dont la France a impérativement besoin passe par des réformes de résultent de la Convention européenne des droits de l'Homme.

Pour restaurer la confiance des citoyens dans la justice, il faut : plus de démocratie, plus de sûreté, plus de simplicité.

1 - Reconnaître l'existence d'un pouvoir judiciaire

Il est plus que temps de reconnaître l'existence d'un pouvoir judiciaire, 3ème pouvoir, après l'exécutif et le législatif. Ce pouvoir judiciaire doit être indépendant des deux autres pouvoirs. Il doit, en application du principe des pouvoirs et contre-pouvoirs et pour assumer sa propre responsabilité être soumis à deux principes essentiels :

- le Parlement peut parfaitement voter un texte qui annule une jurisprudence jugée inacceptable sur un plan politique ou sociétal, ce qui exclut le gouvernement des juges

- les magistrats doivent être soumis à une instance disciplinaire, à majorité non corporatiste, chargée d'apprécier si des manquements individuels ont pu être commis par des magistrats dans leurs fonctions.

La Constitution doit être modifiée, pour remplacer l'autorité judiciaire par le pouvoir judiciaire.

Le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) sera modifié dans sa composition pour donner une majorité à la représentation de la société. En aucun cas, le Conseil d'État ou la Cour des Comptes n'auront de représentants. L'avancement et la carrière des procureurs doivent être confiés à un organisme indépendant des pouvoirs exécutif ou législatif ; la politique pénale des procureurs doit être définie par le pouvoir exécutif (le ministre de la justice) ;

L'unité du corps judiciaire, composé de magistrats du siège et de magistrats du parquet (procureurs), doit être maintenue : actuellement le procureur peut changer de fonction après plusieurs années pour devenir juge. Ce système apportera une meilleure garantie pour le justiciable car le procureur ne deviendra jamais un accusateur public partial mais restera un magistrat impartial dont l'intervention constitue une garantie supplémentaire pour le citoyen.

Dans un état de droit, la totalité des personnes doit relever de la même règle, quelle que soit sa fonction. Dès lors, une Cour Suprême sera créée regroupant la Cour de Cassation et les formations contentieuses du Conseil d'Etat, qui ne peut cumuler les fonctions de juge suprême de l'Administration et de conseil du Gouvernement. Dans cette nouvelle construction, le Conseil d'État garderait ses fonctions de conseil du gouvernement et pourrait se voir confier une mission générale de mise à plat de la réglementation existante. De plus, compte tenu de la déficience française en matière de participation à l'élaboration du droit communautaire, le Conseil d'État pourrait se voir confier une tâche de suivi dans ce domaine.

Le recrutement de tous les juges doit être assuré par l'école nationale de la magistrature de Bordeaux ; il faut soustraire le recrutement des juges des juridictions administratives et des juridictions financières à l'influence de l'administration parisienne (E.N.A.).

Dans le cadre de la construction communautaire, la question de la création d'une Cour Suprême à l'américaine, qui viendrait se substituer au Conseil Constitutionnel et qui serait plus particulièrement chargée de l'articulation entre nos principes fondamentaux et le corpus communautaire doit être posée.

Afin d'assurer le citoyen que le pouvoir exécutif n'intervient plus, officiellement ou insidieusement, dans les affaires dites sensibles, l'indépendance des poursuites sera garantie par une évolution vers la procédure accusatoire, l'accusation étant indépendante de l'exécutif.

Toutefois, la suppression du juge d'instruction n'est pas souhaitable, dans la mesure où les citoyens ne pourraient alors être assurés que toutes les infractions seront effectivement poursuivies et que l'égalité des armes entre la victime et la défense sera assurée. Compte tenu de la difficulté de constituer les preuves, notamment si des opérations financières sont en cause, la victime devra pouvoir obtenir de l'accusation la recherche et le financement de la recherche des preuves, faute de quoi, l'égalité des citoyens devant la loi restera un leurre.

Compte tenu de la responsabilité particulière des politiques à l'égard de la société, toute condamnation d'un élu pour des infractions financières sera accompagnée d'une inéligibilité à vie.

2 La procédure pénale

Le juge pénal est le pivot de l'état de justice. Pour redonner confiance aux citoyens, la juridiction pénale doit être réorganisée autour de trois principes :

2 - 1 / Pour plus de démocratie, il faut associer les citoyens à l'exercice du pouvoir judiciaire.

La pratique de l'échevinage doit être étendue. Les citoyens-juges (échevins) seront en plus grand nombre. Le tribunal correctionnel, chargé de juger les délits doit, dans sa formation collégiale, être composé, comme la cour d'assises et le tribunal des enfants, de juges professionnels et de citoyens tirés au sort ou désignés (échevins) ;

Pour juger plus rapidement les affaires criminelles et réduire le stock d'affaires en attente de jugement, la cour d'assises deviendra un tribunal criminel échevinal de première instance siégeant en continu et non par sessions ; il faudra réformer le jury pour avoir en permanence des jurés sous la main ; en appel, la cour d'assises traditionnelle subsistera avec toute sa solennité ;

Les grands procès seront retransmis en direct par la télévision. La justice est rendue au nom du peuple Français et les débats des audiences correctionnelles sont, en principe, publics. Or, la loi interdit la prise de vues photographiques dès l'ouverture de l'audience. La prise de vues cinématographiques ou photographiques doit devenir possible pendant l'audience, sauf huis clos.

L'accès aux procès sera facilité pour les victimes grâce aux associations. Le droit d'agir en justice des associations doit être étendu très largement pour, notamment, leur permettre de se constituer partie civile pour provoquer des enquêtes pénales et des instructions ; le simple citoyen, par l'intermédiaire d'une association, aura le même pouvoir que le procureur pour faire enquêter la police et saisir le tribunal ;

2-2 / Pour plus de sûreté, il faut restaurer l'efficacité de la justice pénale, dans l'intérêt des victimes

Le pôle judiciaire santé doit être enfin, effectivement, créé : il doit bénéficier de moyens de police spécifiques et techniques. Afin de centraliser à Paris, tous les dossiers pénaux d'importance nationale concernant les atteintes graves à la santé (sang contaminé ,vache folle, Tchernobyl, amiante...) et à l'environnement, la compétence du pôle judiciaire santé de Paris sera renforcée et étendue, ce qui signifie qu'il faut revenir sur la disposition qui vient d'être votée qui disperse le pôle unique en plusieurs pôles, ce qui est une assurance d'inefficacité.

L'harmonisation européenne sera développée pour mieux lutter contre le terrorisme, le trafic de drogue et le blanchiment d'argent sale. Un parquet européen devra être créé avec des moyens appropriés.

Un code pénal européen avec harmonisation des incriminations, des peines et des mandats d'arrêt sera réalisé afin d'éliminer les paradis fiscaux, de réduire le secret bancaire et d'éliminer les refuges pour les criminels.

Certaines infractions auront leurs peines aggravées : le maximum de la peine d'emprisonnement en répression des viols commis par les réseaux pédophiles sera élevé à 30 années de réclusion criminelle ; l'incitation des mineurs à l'usage des drogues (alcool, tabac et stupéfiants) et l'atteinte grave à l'environnement ou à la santé publique seront également sanctionnées plus sévèrement.

La procédure pénale concernant les mineurs sera adaptée à l'évolution de la société ; La procédure de comparution immédiate doit s'appliquer aux mineurs récidivistes de plus de seize ans qui commettent des infractions graves afin de donner une réponse rapide aux actes les plus graves. Si le mineur de seize ans est récidiviste, il est nécessairement très connu par le service et son dossier de personnalité est très complet : le tribunal des enfants doit pouvoir prononcer dans des circonstances exceptionnelles des peines d'emprisonnement ferme avec mandat de dépôt, même si la peine d'emprisonnement prononcée est inférieure à un an. Là aussi, l'échevinage doit être instauré.

La priorité doit cependant être donnée à la peine de travail d'intérêt général : en l'an 2000 les mineurs représentaient 21 % des auteurs présumés d'infractions alors qu'ils n'étaient que 10 % en 1972 ; les mineurs sont responsables de 50 % des actes de violence et de dégradations ; 5 % des faits graves commis par les mineurs sont jugés par des tribunaux pour enfants. Pour les infractions moins graves, la priorité doit être donnée à la réparation. Il faut substituer le principe de réparation au principe d'admonestation. Le mineur devra réparer le préjudice causé à la victime et, en contrepartie, il bénéficiera d'un classement sans suite ou d'une dispense de peine.

Des lieux de vie fermés pour mineurs remplaceront les quartiers pour mineurs dans les maisons d'arrêt gravement criminogènes. Privilégiant la réadaptation par le travail, ils seront implantés dans chaque département (actuellement 1,8 % des 48000 détenus sont mineurs). Ces établissements et leurs personnels relèveront de l'administration pénitentiaire.

La loi Guigou du 15 juin 2000 sur la détention provisoire sera révisée : le juge d'instruction doit avoir le pouvoir de délivrer un ordre d'incarcération provisoire de 48 heures, valable jusqu'à la comparution du mis en examen devant le juge des libertés, afin de diminuer le temps d'attente des présentations pour les forces de l'ordre, magistrats, greffiers, avocats et d'éviter des audiences du juge des libertés après 20 heures. La détention provisoire est en baisse constante (42,80 % des détenus en 1995 et 33 % en 2001)

Les auteurs de délits graves seront jugés plus rapidement. Les procédures de comparution immédiate, permettant de juger rapidement les prévenus majeurs devant le tribunal correctionnel, seront améliorées et facilitées : avec cette procédure, le tribunal a le pouvoir de délivrer un mandat de dépôt, même si la peine d'emprisonnement prononcée est inférieure à un an d'emprisonnement.

Le contrôle du juge sur les rétentions d'étrangers reconduits à la frontière sera allégé.

Le contrôle du juge des libertés pourra s'exercer au vu des pièces et du dossier, sans présentation de l'intéressé au juge, comme c'est déjà le cas pour le contrôle des détentions provisoires des mis en examen, détenus depuis moins de quatre mois : il faut réduire les transfèrements pour des raisons de sécurité et pour réserver les services de police et de gendarmerie à des missions plus utiles de sécurisation

2-3 / Pour plus de simplicité, il faut adapter l'organisation judiciaire au XXIe siècle

Un tribunal criminel échevinal sera créé dans chaque tribunal de grande instance. Il faut remplacer la cour d'assises départementale par un tribunal criminel dans chaque tribunal de grande instance : ce tribunal jugera en premier degré les crimes. La cour d'assises subsistera au niveau de la cour d'appel. Ce tribunal criminel siégera toute l'année, alors que l'actuelle cour d'assises juge par session.

Deux cours d'appel seront créées. La justice n'a toujours pas tiré la conséquence logique de l'explosion démographique dans les départements de l'est de l'Île de France (plus d'un million d'habitants par département) : une cour d'appel sera créée à Melun-Sénart. La cour d'appel d'Aix-en-Provence est très étendue. Une cour d'appel sera également créée à Nice.

Des centres de semi-liberté seront implantés dans chaque département. En France, il existe seulement 13 centres de semi-liberté autonomes, recevant des condamnés admis au régime de semi-liberté, leur permettant à l'extérieur d'exercer une activité, de travailler, de recevoir un enseignement ou une formation professionnelle, d'apporter une participation essentielle à la vie de leur famille, de subir un traitement médical et de rejoindre l'établissement pénitentiaire dès la cessation de leur activité.

L'intérêt de la société est de prévoir un centre de semi-liberté par département. Le coût de fonctionnement d'un centre de semi-liberté est faible par rapport au coût de fonctionnement d'une maison d'arrêt (2,36 détenus par surveillant en maison d'arrêt). Le détenu en centre de semi-liberté conserve son emploi ; il peut indemniser la victime et payer son hébergement.

Les libérations conditionnelles/expulsions des détenus étrangers seront facilitées ; Construire des prisons coûte très cher (30 000 euros à 45 000 euros, la place). Le prix de journée est lui aussi très important (plusieurs dizaines d'euros) ;

Il faut faciliter les libérations conditionnelles/expulsions des étrangers détenus (21 % des détenus sont étrangers) et permettre aux tribunaux de prononcer, pour tous les délits, des peines d'interdiction du territoire national, à l'encontre des étrangers délinquants résidant en France depuis moins de 10 ans.

Il faut confier aux huissiers du trésor (fonctionnaires du trésor public), selon des procédures simplifiées, le recouvrement des dommages intérêts prononcés par les juridictions pénales au profit des victimes. L'État doit la sécurité aux citoyens : il est normal que l'Etat aide les victimes à récupérer les dommages intérêts accordés par les Tribunaux en réparation des dommages causés par les délinquants. Ainsi aucun frais de recouvrement ne sera à la charge des victimes qui souhaitent récupérer leur argent en réparation de leur préjudice : ces dommages intérêts seront recouvrés par l'Etat comme les amendes pénales. La victime conservera, si elle le souhaite, le choix de s'adresser à un huissier de justice, auxiliaire de justice libéral qui bénéficiera de procédures simplifiées.

Il faut améliorer l'exécution des peines, en matière d'emprisonnement. Les principes de rétribution et de réinsertion sont ignorés. Le risque le plus important est la création, chez certains délinquants, d'habitude d'un sentiment d'impunité qui ouvre la voie à la récidive. En effet mieux vaut une faible peine d'amende réellement recouvrée qu'une peine de prison qui n'est pas exécutée. .

La crédibilisation du processus pénal est un moyen d'éviter les dérives sécuritaires tout en redonnant confiance à nos concitoyens dans l'autorité de l'État.

D'après les calculs effectués par l'USM, 30 % des peines ne seraient pas exécutées, la chancellerie se refusant à fournir des statistiques précises.

Il convient donc de faire de l'exécution des décisions de justice une priorité. Or, dans certains tribunaux, faute de temps ou de moyens, c'est l'ensemble des peines de moins de 6 mois qui ne peuvent être mises à exécution. Dès lors, force est de constater que seule la détention provisoire garantit l'exécution, ce qui n'est pas compatible avec nos principes. .

De l'inexécution des peines de sursis avec mise à l'épreuve : en matière de sursis avec mise à l'épreuve (S.M.E.), l'ensemble des magistrats se plaint des délais de prise en charge des S.M.E. ou de leur ineffectivité. Seuls 30 % des personnes condamnées à un S.M.E. sont réellement prises en charge, les juges en sont réduits à simplement notifier aux condamnés leurs obligations sans que le suivi socio-éducatif soit effectué. Il est même courant que les obligations ne soient pas notifiées aux condamnés.

De l'inexécution des peines d'amende : l'état de l'exécution des peines d'amendes n'est pas meilleur, selon les statistiques de la direction de la comptabilité publique : seulement 20 à 30 % des amendes sont recouvrées. (rapport du Sénat - comptabilité publique, situation du recouvrement des opérations sur titre, 1993-1997). Cette situation résulte de la prescription, par non-traitement des bordereaux d'exécution. Une consignation rénovée ou le paiement en régie pourraient êtres proposés pour les amendes.

Des peines d'intérêt général : cette mesure, qui constitue pourtant une excellente alternative à l'emprisonnement, ne fait l'objet d'aucune statistique alors même que les magistrats constatent l'extrême difficulté à trouver et faire exécuter les Travaux d'Intérêt Général dont le suivi est très mal assuré, faute d'éducateurs en nombre suffisant. Les moyens devront donc permettre une exécution effective de ces peines sur le taux d'exécution des décisions.

Les effectifs et les objectifs. De manière générale, l'Etat doit mettre en place les moyens en nombre et en outils, permettant à la justice de n'être pas virtuelle et de ne pas charger les magistrats de tâches qu'ils ne peuvent pas remplir. A cette fin, des objectifs précis doivent être fixés en termes de délai de jugement, d'exécution des décisions.

3 - la procédure civile

Les tribunaux d'instance seront transformés. La distinction des tribunaux d'instance et des tribunaux de grande instance n'a plus aucune utilité : elle complique la procédure pour le justiciable. La justice de proximité exige désormais de transformer le tribunal d'instance en un greffe permanent du tribunal de grande instance avec tenue d'audiences foraines.

Les règles de preuve doivent être, impérativement, modifiées, si on veut arrêter le mouvement de pénalisation. Le code de procédure civil sera modifié pour contraindre les parties à produire tous les éléments de preuve, avec des sanctions civiles graves en cas de dissimulation. Ainsi, une certaine égalité des armes entre les parties pourra être établie, évitant le recours systématique à la procédure pénale.

L'action des associations sera renforcée, en permettant dans tous les litiges de masse qui touchent à la santé et à l'environnement, notamment, une action de classe adaptée.

En matière de consommation, l'exclusion du risque de développement sera supprimée, de manière à ce que les consommateurs ne soient pas les victimes de choix déraisonnables ou justifiés par de simples impératifs d'ordre financier.

La police

1 - L'organisation de la police

" La trilogie sécuritaire : la proximité, la permanence, l'urgence". Quand il s'agit de parler des réponses institutionnelles à la violence, il convient de rappeler le paradoxe de Tocqueville :" Plus un phénomène désagréable diminue, plus ce qu'il en reste devient insupportable ". Le débat sur la violence se trouve au centre de cette problématique. Comment répondre à un acte ou une pulsion qui s'avère être exceptionnel dans le quotidien des Français. Et pourtant, plus il est exceptionnel et plus les effets sur la population sont désastreux. Nous sommes alors pris entre deux logiques qui ont souvent des conséquences contradictoires. En renforçant la sécurité au quotidien et en augmentant les forces de l'ordre, la visibilité permanente des représentants entraîne une psychose sécuritaire et repousse le violeur de la société de plus en plus dans l'anonymat collectif. Résultat : l'individu violent surgit au beau milieu d'une société apeurée par ses propres représentants.

Sans revenir sur le sujet déjà évoqué entre " tolérance zéro et son seuil ", ce retour à une conscience du mal est la pierre angulaire de toutes les politiques sécuritaires.

Ceci étant, nous sommes dans l'obligation de revoir les structures actuelles et répondre aux attentes de nos compatriotes qui ont confié à des institutions spécialisées leur sécurité. Dans ce processus, ils sont en droit de revendiquer et d'attendre une tranquillité de tous les instants. C'est la raison pour laquelle au terme de sécurité, je préfère employer celui de sûreté.

Et même si on peut espérer une plus grande proximité, avec le citoyen, de la Police Nationale et de la Gendarmerie, il faut reconnaître qu'elles ont beaucoup de difficultés à faire face aux urgences et à la gestion des procédures judiciaires.

Les collectivités territoriales, beaucoup plus proches, trouvent des limites à leur réponse, celles de la législation et des frontières de la commune.

Quant à la protection recherchée dans le secteur privé, la mise en vente de la sécurité en service commercial peut avoir des dérives qu'il est inutile d'évoquer lorsque la sécurité est au centre d'un univers concurrentiel.

L'une des premières interrogations concerne la logique globale de la sûreté ?

Si les uns (représentants institutionnels) sont encore astreints à sécuriser en poursuivant l'acteur, les autres (sociétés privées) espèrent répondre au mieux aux attentes de leurs clients et gérer avec des moyens technologiques de plus en plus élaborés.

Dans ce schéma sécuritaire, il me semble nécessaire de revoir globalement la mission de chacun.

Dans un premier temps, il conviendrait de revoir les structures en reprenant les charges de la Police et de la Gendarmerie. L'une a une logique stratégique de flux migratoires, l'autre, tactique, d'occupation de territoire. Aujourd'hui, la Police recense les trois quarts de la délinquance alors que la Gendarmerie exerce sur 80 % du territoire. Et même si la délinquance tend à progresser plus vite en milieu rural, le décalage reste important. Ces deux logiques, d'occupation de territoire d'une part et de flux migratoires d'autre part, pourraient être complémentaires en réactualisant la répartition des effectifs (rapport Carraz/Hyest).

Bien évidemment, la mise en œuvre d'une politique de proximité est une des conditions indispensables à la reconquête sécuritaire

. Toutefois, pour ces deux institutions étatiques, l'urgence prime et la proximité ne peut être envisagée qu'après avoir fait reculer l'urgence.

L'espoir de la proximité doit pourtant être évoqué dans le débat et les polices municipales sont les mieux placées pour relever, avec les institutions publiques, le défi. Il convient tout d'abord de rappeler qu'avant la deuxième guerre mondiale, les municipalités assuraient leur sécurité. Et déjà à cette époque, l'insécurité était au centre du débat. Aussi, à condition d'éviter le piège de la démagogie et de la territorialisation, nous pourrions donner une place plus importante aux représentants des collectivités territoriales en les associant à la police de proximité. Évidemment, il ne saurait être question d'avoir des villes sécurisées et les autres.

Une nouvelle répartition des tâches entre police et gendarmerie sera effectuée, de manière à éviter toute guerre des polices et toute concurrence, y compris sur un plan statutaire entre ces deux services.

S'agissant de la police de proximité, elle doit être encore renforcée, en organisant une synergie entre police municipale et police nationale, avec éventuellement des conventions de mise à disposition. La formation des policiers municipaux pourrait être complétée et brevetée par l'État.

Les maires seront associés à l'organisation de la police de proximité. Dans les communautés d'agglomération, les présidents pourraient se voir confier, en liaison avec le préfet et le procureur, la définition des priorités, la gestion des effectifs et l'organisation générale.

Une réflexion sur le rôle et les moyens des entreprises privées devra être engagée pour permettre une synergie, mais aussi pour éviter toute dérive contraire à la légalité républicaine.

Un Institut de la Sûreté Intérieure pourrait se voir confier la planification et le contrôle de la gestion des ouvertures de postes et des quotas, au vu de la situation, par l'Etat. L'institut sur la Sûreté Intérieure pourrait aussi se voir confier ce rôle de coordination de gestion et de contrôle entre forces de police. Indépendant, ce centre pluridisciplinaire, rattaché au Premier Ministre, aurait pour fonction, au-delà du conseil et de la trilogie sécuritaire, la définition d'une politique transversale en matière de sûreté (environnement compris).

La police d'investigation devrait être considérablement renforcée pour permettre que les enquêtes de voisinage et la recherche de renseignements puissent s'effectuer. Il faut rappeler que plus de 60 % de la délinquance urbaine est due à la drogue et que seul, le démantèlement des réseaux peut permettre de réduire la délinquance. Deux voies doivent être utilisées à cette fin. D'une part, les moyens de la police scientifique et technique devraient être mis à disposition pour le traitement des plaintes et le niveau de formation des personnels chargés de cette police, relevé. D'autre part, des moyens en personnel devront être dégagés à cette fin, notamment en supprimant les tâches de garde des détenus confiées à la police ou à la gendarmerie.

La fusion de la direction des renseignements généraux et de la direction de la sécurité du territoire sera effectuée, afin de décloisonner les services et de permettre le travail en commun de la police financière, de la police économique et des services spécialisés dans la lutte contre la drogue.

Les moyens de la police financière devront être considérablement renforcés , qu'elle travaille dans le cadre des commissions rogatoires confiées par les juges d'instruction, où qu'elle agisse dans le cadre d'enquêtes préliminaires.

Les douaniers devraient devenir des officiers de police judiciaire, et la douane devenir " douane judiciaire ". Ses missions seront étendues à la criminalité internationale : criminalité organisée, lutte contre le blanchiment, criminalité organisée.

Les services pénitentiaires seront seuls chargés de la garde des détenus.

La police des frontières devrait être structurée et dotée de moyens pour lutter contre l'immigration clandestine. À cette fin, un fichier des empreintes digitales devrait être autorisé pour un traitement informatique.

2 - les moyens juridiques de la police

Le contrôle d'identité devrait être autorisé, même en dehors du flagrant délit.

Un réseau radio crypté (système Acropole) devra être constitué pour mettre la police à l'abri des écoutes.

Le délai de garde à vue pour la criminalité organisée devrait être porté à 72 heures

Pour les délits les plus simples, les procédures pourront être informatisées.

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